François Schott,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'entrée en vigueur ce vendredi de surtaxes douanières sur les importations américaines d'acier et d'aluminium a suscité l'ire des principaux partenaires économiques des Etats-Unis, Union européenne en tête, qui a porté plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Mexique et le Canada ont également annoncé une riposte.



Mais l'impact de ces mesures doit être relativisé en ce qui concerne les sidérurgistes européens, et particulièrement français. En 2017, l'Union européenne a expédié 5 millions de tonnes d'acier vers les Etats-Unis, soit moins de 3% de sa production, selon des chiffres de la fédération européenne Eurofer. La France y a exporté moins de 2% de sa propre production.



Comme l'a souligné Philippe Darmayan, président d'ArcelorMittal en France, ce vendredi sur France Info : "cela fait des années que les Américains sont protectionnistes sur l'acier", ces surtaxes ne faisant que s'ajouter à des mesures existantes. Conséquence : ce sont essentiellement des produits à forte valeur ajoutée qui font le voyage d'Europe vers l'Amérique, car ils sont par nature moins sensibles aux taxes pouvant renchérir leur prix.



A court terme, l'instauration de ces barrières douanières aura surtout un effet sur le marché américain, où les prix de l'acier ont déjà commencé à augmenter, portés par une demande domestique robuste. Selon l'agence Standard & Poor's, "les taxes vont encourager la production américaine d'acier et d'aluminium, augmenter le taux d'utilisation des capacités, et maintenir les prix à des niveaux élevés pendant les deux à trois prochaines années".



Une aubaine pour les sidérurgistes implantés aux Etats-Unis, en particulier pour ArcelorMittal qui dispose de six sites de production aux Etats-Unis et y réalise 20% de son chiffre d'affaires. Les analystes de Credit Suisse ont d'ailleurs réaffirmé vendredi leur recommandation "surperformer" sur le numéro un du secteur, en raison de son exposition à la hausse des prix américains.



Prudent, le groupe s'est gardé de tout commentaire concernant ses perspectives aux Etats-Unis, préférant se ranger derrière la fédération européenne de l'acier, Eurofer, pour réclamer des mesures protectionnistes... en Europe. ArcelorMittal craint en effet que "les 30 millions de tonnes d'acier qui devaient aller naturellement aux États-Unis se retournent vers le marché le plus ouvert, c'est-à-dire l'Europe", entraînant l'effet inverse sur la production et les prix de ce côté de l'Atlantique.



Les fondamentaux restent solides



Là-encore, ces craintes doivent être tempérées. Après plusieurs années de réduction des capacités de production, la sidérurgie européenne est mieux armée pour absorber les chocs de marché que par le passé. La reprise européenne, même si elle semble se tasser depuis le début de l'année, tire la demande adressée à l'industrie métallurgique. Par ailleurs la Chine, régulièrement accusée par les producteurs européens d'inonder le marché d'acier à bas coûts, a entrepris un programme de ses capacités de production qui a largement contribué au redressement des prix mondiaux au cours des deux dernières années.



Le secteur reste dans un cercle vertueux de hausse de la demande et de réduction des capacités qui devraient continuer à soutenir les prix sur le long terme, souligne Credit Suisse. Mais la banque n'exclut pas des cahots boursiers cet été en raison notamment des incertitudes politiques au sein de la zone euro et des interrogations sur la croissance mondiale.



Par ailleurs, le secteur sidérurgique ne sortirait pas indemne d'une guerre commerciale plus large entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires. "Si on fait un scénario catastrophe avec des mesures de représailles européennes entraînant des mesures de représailles américaines sur l'automobile, effectivement, cela peut conduire à un ralentissement de la production européenne", a indiqué Philippe Darmayan ce vendredi sur France Info.



Pour l'heure la Bourse n'envisage un tel scénario. En hausse de 1,5% vendredi, en ligne avec le rebond des marchés européens, le titre ArcelorMittal reste proche de son plus haut niveau depuis quatre ans. Son ex-filiale Aperam, spécialisée dans l'acier inoxydable présente en Europe et au Brésil, bondit de près de 3%.



En dépit de l'entrée en vigueur des taxes américaines, et des représailles attendues de la part de l'Union européenne, les discussions se poursuivent entre les deux partenaires. Il n'est impensable qu'un terrain d'entente soit trouvé rapidement. En attendant, cette guerre des nerfs ne joue pas forcément en défaveur des producteurs d'acier.



-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



June 01, 2018 09:51 ET (13:51 GMT)




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