Deliveroo promet d'inscrire la rentabilité au menu de son IPO - Plus Europe
30 Marzo 2021 - 3:40PM
Bourse Web Dow Jones (French)
Carol Ryan,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les actionnaires des sociétés de
livraison de repas ont la réputation de faire abstraction de leurs
pertes. C'est moins le cas en Europe actuellement, où la question
de savoir si les livreurs devraient bénéficier d'un statut plus
généreux fait l'objet d'un nouveau débat.
Mardi, Deliveroo, qui compte Amazon parmi ses actionnaires, a fixé
le prix de ses actions dans le bas de la fourchette indicative
avant leur entrée mercredi à la Bourse de Londres. Une valorisation
de 7,6 milliards de livres sterling, soit 8,9 milliards d'euros,
est inférieure de 14% au maximum fixé dans la fourchette initiale
établie au début de la semaine dernière.
La société a indiqué faire preuve de prudence en raison de la
volatilité des marchés et a souligné que les deux tiers des
sociétés technologiques américaines qui sont entrées en Bourse la
semaine dernière se négociaient désormais en dessous de leur prix
d'introduction.
Mais son modèle économique est également remis en question.
D'importants investisseurs institutionnels britanniques ont
publiquement annoncé qu'ils ne participeraient pas à l'introduction
en Bourse. La façon dont Deliveroo rémunère ses livreurs,
considérés comme des entrepreneurs indépendants, suscite des
inquiétudes. Si le droit du travail venait à accorder de nouveaux
avantages aux coursiers, le seuil de rentabilité serait plus
difficile à atteindre pour l'entreprise. Deliveroo a perdu 224
millions de livres sterling en 2020, alors que la demande de repas
à emporter n'a jamais été aussi forte que pendant la pandémie.
Le coût de la main d'oeuvre pourrait croître de 30%
Le coût d'une telle perspective est difficile à évaluer. Mais selon
des spécialistes du secteur de la livraison de repas, les frais
généraux de main-d'œuvre peuvent augmenter de 30% en moyenne en
Europe lorsque les livreurs passent du statut d'entrepreneurs
indépendants à celui de salariés. Deliveroo conteste que dans son
cas, le chiffre serait aussi élevé.
La société réalise environ la moitié de son chiffre d'affaires au
Royaume-Uni. Or, Uber vient de perdre son appel devant la Cour
suprême britannique et doit accorder à ses chauffeurs de taxi des
avantages supplémentaires tels que des congés payés, ce qui n'est
pas de bon augure. Mais les spécificités juridiques sont
différentes dans le cas des coursiers alimentaires.
Jusqu'à présent, l'Espagne est le seul pays à avoir proposé une
nouvelle législation qui octroierait aux livreurs des plateformes
internet des avantages comparables à ceux des salariés. En France,
en Belgique, en Italie et aux Pays-Bas, les gouvernements enquêtent
sur la façon dont Deliveroo et ses concurrents embauchent leurs
livreurs. Ces Etats pourraient infliger, rétrospectivement, des
amendes au groupe, sans nécessairement adopter de nouvelles lois.
De son côté, la Commission européenne a récemment lancé une
consultation publique sur les conditions de travail des personnes
recrutées par les plateformes technologiques.
Si ses coûts du travail augmentent, Deliveroo dispose de plusieurs
options. La société peut demander aux restaurants de payer plus
cher pour bénéficier de ses services de livraison. Les commissions
des applications proposant des repas à emporter peuvent déjà
représenter jusqu'à 30% de la valeur d'une commande. Des hausses de
tarifs créeraient donc des tensions. Deliveroo pourrait alors
choisir de répercuter le coût sur ses clients en augmentant les
frais de livraison, ce qui entraînerait probablement un
ralentissement de la croissance fulgurante de ses commandes.
Une exposition supérieure à celle de ses rivales
Deliveroo est davantage exposée à d'éventuelles réformes du droit
du travail que ses concurrentes européennes. Ainsi, Just Eat
Takeaway.com, qui est basée à Amsterdam, dispose d'une lucrative
activité de place de marché - qui prend des commandes à emporter
mais laisse le soin aux restaurants de les honorer - qui pourrait
subventionner une hausse des salaires dans sa branche de livraison.
Quant à la société berlinoise Delivery Hero, elle est
essentiellement présente dans les marchés émergents.
Les raisons pour lesquelles certains investisseurs institutionnels
britanniques préfèrent éviter l'introduction en Bourse de Deliveroo
sont peut-être aussi culturelles. Certains aspects de l'opération,
tels que la structure à double classe d'actions, sont courants aux
Etats-Unis, moins au Royaume-Uni. De nombreuses sociétés
technologiques européennes préfèrent par conséquent s'introduire en
Bourse à New York, à l'instar du spécialiste de la vente en ligne
de voitures Cazoo qui a annoncé lundi sa fusion avec le véhicule
d'investissement coté (Spac) AJAX I pour une valeur d'entreprise de
7 milliards de dollars.
Eu égard au faible nombre d'investisseurs institutionnels prêts à
endosser les risques liés à l'opération, on pourrait pardonner à
Deliveroo de regretter d'avoir choisi de s'introduire en Bourse
dans sa ville d'origine.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Valérie Venck et Eric Chalmet) ed: ECH - VLV
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March 30, 2021 09:20 ET (13:20 GMT)
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