PARIS (Agefi-Dow Jones)--Trimestre après trimestre, Edenred dépasse
les attentes. De juillet à septembre, le spécialiste des solutions
de paiement dans le monde du travail a vu ses revenus progresser de
12,6% à 405 millions d'euros alors que les analystes tablaient sur
391 millions d'euros. Cette robuste performance permet au titre de
gagner 1,1% mercredi alors que le SBF 120 cède 0,4%.
Dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones, le PDG
Bertrand Dumazy explique comment l'innovation a permis à Edenred de
rebondir durant la crise puis d'accélérer sa dynamique. Face à la
concurrence de sociétés comme Swile, Edenred n'entend pas "adopter
une position défensive". Un rachat de cette licorne n'est pas "à
l'ordre du jour", indique le dirigeant de la société qui dispose
d'une enveloppe disponible de 1 à 1,5 milliard d'euros pour des
acquisitions.
Agefi-Dow Jones: Comment s'est comportée votre activité au
troisième trimestre ?
Bertrand Dumazy: "Nous avons enregistré une accélération, avec une
croissance organique de 13% par rapport à la même période de 2019,
notre dernière année de référence hors Covid, alors que nous avions
progressé d'environ 10% sur l'ensemble du premier semestre, sur
cette même base.
Cette accélération s'observe sur toutes nos lignes de produits:
nous progressons de plus de 10% en données comparables par rapport
au troisième trimestre 2019 dans les Avantages aux salariés, de 18%
dans les Solutions de mobilité professionnelle et de 16% dans les
Solutions complémentaires, qui regroupent notamment les paiements
interentreprises et les programmes sociaux publics. Toutes nos
régions voient également leur activité augmenter de façon
satisfaisante. L'Europe affiche une croissance de près de 15% et
l'Amérique latine connaît une progression de près de 9%, malgré des
vagues de confinement qui surviennent encore dans ses trois pays
locomotives, c'est-à-dire le Mexique, le Brésil et l'Argentine.
Même si la pandémie n'a pas totalement disparu nous avons désormais
retrouvé suffisamment de visibilité pour rétablir nos objectifs du
plan stratégique Next Frontier à l'horizon 2022, que nous avions
suspendus l'an passé. Nous visons ainsi pour l'an prochain une
croissance annuelle organique de notre chiffre d'affaires
opérationnel d'au moins 8% et une progression en données
comparables de l'Ebitda (excédent brut d'exploitation) d'au moins
10%".
Agefi-Dow Jones: Le groupe est-t-il donc revenu sur son rythme
antérieur à la crise ?
Bertrand Dumazy: "Je pense qu'Edenred a désormais retrouvé son
plein potentiel de croissance. Cela tient à notre faculté d'innover
et d'investir dans la durée. L'an passé, au plus fort de la crise,
les investissements technologiques ont progressé de 6% et ils
seront encore en croissance de l'ordre de 10% cette année. Cette
innovation se retrouve au niveau de nos offre de produits que nous
élargissons. Nous avons, durant la crise, développé des programmes
d'argent fléché pour l'aide alimentaire au Royaume-Uni pour les
enfants ou encore pour les personnes âgées en Roumanie.
Dans les Avantages aux salariés, la généralisation du télétravail
constitue une tendance de fond qui bénéficie à notre activité. Nous
développons ainsi nos solutions totalement digitales de cantine
virtuelle, qui remplacent la cantine physique en perte de vitesse
avec la crise. Ces solutions sont notamment connectées à plus de
160 plateformes de livraison de repas. Autre exemple: dans les
Solutions de mobilité professionnelle nous avons lancé en France le
ticket mobilité qui permet à un employeur de financer le transport
de ses collaborateurs dans la limite de 500 euros par an. Tous ces
investissements se sont avérés pertinents pendant la crise et le
resteront après la fin de la pandémie".
Agefi-Dow Jones: Votre plan stratégique s'éteint dans un peu plus
d'un an, fin 2022. A quoi ressemblera l'après 2022 pour Edenred
?
Bertrand Dumazy: "Nous commençons à y réfléchir avec enthousiasme
mais aussi forts de la capacité démontrée par Edenred à rebondir
après la crise plus rapidement que ses concurrents. Le futur plan
empruntera évidemment beaucoup à l'actuel mais il devra aussi
prendre en compte tous les enseignements que nous-mêmes et nos
clients ont tiré de la crise du Covid".
Agefi-Dow Jones: De jeunes sociétés qui disposent actuellement
d'importants moyens financiers, comme Swile par exemple, promettent
de bousculer vos marchés. Comment faire pour répondre à cette
nouvelle concurrence ?
Bertrand Dumazy: "La concurrence est une bonne chose et il n'est
pas question d'adopter une position défensive. Notre objectif reste
de répondre au mieux aux attentes de nos clients et d'initier les
transformations de nos marchés en proposant de nouveaux produits.
Edenred a toujours été pionnier et leader dans l'innovation ces
dernières années qu'il s'agisse du paiement digital par carte, ou
dématérialisé par mobile ou en ligne, en connexion "app-to-app"
avec des plateformes [une communication entre l'application mobile
d'Edenred et celle d'un partenaire qui permet le paiement en titre
de services, NDLR]. Je rappelle que nous investissons plus de 300
millions d'euros par an en technologie et que nous générons un
profit opérationnel qui sera compris entre 620 et 670 millions
d'euros en 2021".
Agefi-Dow Jones: Pourriez-vous toutefois être intéressé par Swile
?
Bertrand Dumazy: "Cela n'est pas à l'ordre du jour. Nous sommes
numéro un en France et notre croissance y est très bonne (12% au
troisième trimestre par rapport à la même période de 2019,
pré-Covid). C'est le fruit de notre innovation et de notre
politique commerciale".
Agefi-Dow Jones: D'autres acquisitions sont-elles envisageables
?
Bertrand Dumazy: "Depuis 2016, nous avons réalisé une vingtaine
d'acquisitions, soit pour renforcer certaines de nos offres soit
pour s'approcher de la taille critique sur certaines zones
géographiques afin de mieux amortir les charges fixes. Nous restons
intéressés par ce type d'opérations partout où nous pourrons le
faire, avec une enveloppe disponible de 1 milliard à 1,5 milliard
d'euros.
Jusqu'à présent nous avons toujours privilégié le recours à la
dette pour financer nos acquisitions. Mais, en théorie, si nous
devions envisager une opération de très grande taille, nous
pourrions nous appuyer sur la valorisation actuelle d'Edenred pour
payer une partie de la transaction en actions, un moyen de
financement que nous n'avons encore jamais employé".
Agefi-Dow Jones: Quel impact la poussée actuelle d'inflation
a-t-elle sur votre activité ?
Bertrand Dumazy: "L'inflation est globalement positive pour Edenred
car elle entraîne une hausse des prix des produits que nous
commercialisons. Pour préserver le pouvoir d'achat des salariés,
les entreprises augmentent la valeur faciale de titres de services
prépayés, quand elles n'ont pas déjà atteint le maximum. Les
gouvernements choisissent par ailleurs de relever les plafonds de
ces titres. L'Autriche a ainsi multiplié par deux le plafond des
titres restaurants, la Roumanie a décidé de l'augmenter de 33%, la
Turquie de 20%, l'Italie de 15% et l'Allemagne va probablement
l'augmenter.
Par ailleurs, l'inflation se traduira probablement par une
augmentation des taux d'intérêt. Ce phénomène est bénéfique à notre
revenu financier, c'est-à-dire l'argent qui nous est confié et que
nous plaçons. Ces revenus financiers ont été durement pénalisés par
la faiblesse des taux ces dernières années.
L'accélération de l'inflation ne constitue toutefois pas une
martingale pour nous, car elle s'accompagne aussi d'une hausse des
coûts salariaux. Mais Edenred opère sur une activité à forte valeur
ajoutée, le groupe gagne donc davantage qu'il n'y perd avec
l'inflation".
-Propos recueillis par Julien Marion et Olivier Pinaud, Agefi-Dow
Jones.
+33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH
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October 21, 2021 09:01 ET (13:01 GMT)
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